“Les Guerres de Lucas”, analyse d’un succès avec Laurent Hopman et Renaud Roche 

En ces temps où les librairies déplorent une baisse de fréquentation, la success story autour de la BD Les Guerres de Lucas se révèle rafraîchissante. Signé par deux nouveaux venus, le dessinateur Renaud Roche et le scénariste Laurent Hopman, le premier volume de cette série consacrée aux déboires du jeune George Lucas au moment du premier Star Wars est sorti en en octobre 2023. Il s’est écoulé à 120 000 exemplaires en France, a reçu plusieurs prix (Fnac France Inter, France Info) et a été traduit en 18 langues. Avec leur making of très humain et trépidant, les deux auteurs ont réussi à toucher un public pas forcément fan de Star Wars. Alors que sort le 2e tome, retraçant le tournage chaotique de L’Empire contre-attaque, rencontre avec deux auteurs comblés.



Avez-vous été surpris par le succès ?



Laurent Hopman — Avant sa sortie, le premier tome avait déjà été vendu dans 14 pays. Bien sûr, c’est la force de Star Wars mais les gens ont aussi aimé la BD. Peut-être que, de France, on a de la distance par rapport aux événements. Renaud et moi avons vu qu’il y avait une histoire à raconter. Celle de la réussite d’un jeune réalisateur qui s’attaque à quelque chose de gigantesque avec des qualités humaines – l’audace, la générosité – qui font de lui un véritable héros.







Quel était le défi du 2e tome ?



Renaud Roche — Pour nous, il s’agissait déjà de montrer que ce qui s’est passé avec le 1er n’était pas un accident. Graphiquement, je crois avoir passé un cap, je me suis encore plus approprié les personnages. Maintenant j’ai l’impression de connaître George Lucas comme s’il faisait partie de ma famille ! En revanche, pour sa première femme, Marcia, il existe très peu de sources, j’ai dû créer la mienne.



Vous mettez beaucoup de rythme dans votre récit épique. Vous vouliez créer un page turner ?



R.R. — C’était essentiel. En ce qui concerne l’attention du lecteur, nous sommes en compétition permanente avec plein de choses, les écrans, etc. C’est pourquoi on a voulu créer une bulle confortable, enthousiasmante, où la réalité est suspendue. Tout le monde sait comment ça va se terminer, que les films vont se faire mais les gens sont tellement investis, ont tellement d’empathie avec le personnage, qu’ils peuvent en venir à douter !



L.H. — On aurait pu faire figurer dans le livre plein d’autres anecdotes mais, à un moment donné, il a fallu en sacrifier pour ne pas perdre le rythme. On s’est permis des incartades mais pas trop. Par exemple, on parle du Star Wars Holiday Special, l’émission de Noël calamiteuse de 1978 parce que c’est drôle mais on lui consacre une page plutôt qu’un chapitre.







Avez-vous été inquiétés par Lucasfilms ou Disney ?



L.H. — On a validé avec la maison d’édition le cadre dans lequel on pouvait raconter cette histoire de manière tranquille… c’est quand même Disney ! Mais Lucas a donné le ton sur le respect des fans, Disney les laisse faire ce qu’ils veulent.



R.R. — Pour le lancement de la version anglaise officielle, on a pu visiter les locaux de Lucasfilms et on était même au Skywalker Ranch (le campus créé par George Lucas).



George Lucas a-t-il lu la BD ?



R.R. — Grâce à l’artiste JR, il a eu la version française et nous a fait passer le message qu’il aurait aimé la lire en anglais. Alors, il y a un an, on a imprimé une première version anglaise à peu d’exemplaires pour lui et d’autres figures importantes de la distribution.



L.H. — On sait que Lucas a été toujours dans le contrôle et discret sur sa vie privée. Alors la voir racontée par quelqu’un d’autre… On place quand même Marcia son ex-femme au cœur du récit et on sait que ça s’est très mal fini entre eux – ils ne se sont plus jamais parlés. Ça doit être difficile de la voir mise en avant comme ça alors que lui a essayé de la gommer de son histoire. Il y a une dimension douce-amère dans Les Guerres de Lucas, quelque chose de tragique. Lucas va réussir tout ce qu’il veut mais il y a le proverbial prix à payer. Il faut toujours se méfier de ses rêves… qu’est-ce que l’on est prêt à sacrifier pour les atteindre ?



Les Guerres de Lucas – épisode 2 de Renaud Roche et Laurent Hopman, éditions Deman , 208 p., 25,90 €, en librairie.

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